Le dernier long métrage de Ghislain TOWA, présenté en avant-première au Cinéma de l’Eden ( le 26 Décembre 2024) est un film qui met en évidence les discriminations sociales dont font preuve les handicapés dans le milieu scolaire. Dans ce récit, le rôle principal a été confiée à Komani (Rosine Nguemgaing), une jeune élève orpheline qui se bat pour mériter sa place dans ce milieu scolaire. Mais subit de toute part des représailles, surtout de la part de Fabiola (Samantha Edima).
Ainsi, la direction artistique du film a procédé à une relecture cinématographique ; c’est le fait d’inverser le thème principal pour mettre en avant un personnage ou un aspect secondaire du film. Dans l’œuvre CLASSE A PART, bien que la thématique principale soit sur les discriminations des personnes handicapées dans le milieu scolaire, le thème sur la rédemption (transformation personnelle) prend finalement dessus. Dès lors, une question a taraudé notre esprit, pourquoi cette technique narrative?
Généralement, on l’emploie quand on veut surprendre le public, enrichir ou revitaliser l’intrigue, donner de la profondeur aux personnages. Pourquoi le réalisateur exploite cette approche technique dans le film?
- Surprendre le public : Nous avons été surpris sur certains aspects. Tout d’abord les repères spatio-temporels. A la question de savoir où se déroule l’histoire !? On finit par remarquer qu’on est au “continent” (Cameroun). Par contre, les codes architecturaux (baroque) présents sur l’affiche deviennent progressivement inappropriés. Quant aux codes vestimentaires (tenue de classe) des acteurs principaux, on peut constater qu’ils sont sino-américains ;relatifs à la Chine (pour les femmes) et aux États-Unis (style collégial pour les hommes). Pour accompagner le récit filmique, ce patrimoine culturel est représenté dans toute sa splendeur; du téléphone en passant par les tatouages et bien plus. Et aussi, l’importance du flashback de Komani dans le récit donne une autre tournure au film(explorer d’autres perspectives thématiques).
- Explorer des thèmes ou des perspectives complexes : Dans ce cocktail thématique, on retrouve un amour scolaire à la Disney ; amour pseudo impossible entre une pauvre (Komani) et un riche Gabriel (Dylan Essomba). Un ensauvagement de la tristesse à la Nollywood ; ce vieux classique qui veut toujours qu’on soit pauvre et très intelligent, ou qu’on soit riche et très médiocre, voire paresseux. Sans toutefois oublier la rédemption/transformation personnelle, des secrets de famille (parents de Gabriel), de trahison et vengeance de certains acteurs. Et pour le coup de marteau avons finalement eu droit au traditionnel fan service ; le baiser tant attendu.
- Donner de la profondeur à l’intrigue ou aux personnages : Si vous êtes un fan de Série surtout Japananime, vous avez droit à des arcs de narratifs atypiques avec ce qu’on appelle des shônens; qui se traduit littéralement par les termes « garçon et adolescent » en japonais, ce type de mangas vise particulièrement le public masculin de 8 à 18 ans. C’est la même chose qu’on ressent lorsqu’on regarde CLASSE À PART. Voulant trop enrichir le récit, tout en engageant des réflexions nouvelles, motivations et les enjeux présentés dans le film, nous avons passé plus de deux heures de temps en salle! Quant à la profondeur des personnages, certains protagonistes en ont fait réellement l’objet. Peut-être pour nous inviter à réévaluer nos jugements et préjugés sur ces personnages. À ce jeu la mère de Gabriel, est une expérience singulière et un gros big up à Fabiola pour sa performance en tant que personnage antagoniste.
Malgré les faux raccords, un sound design peu aguicheur, et une direction photo peu alléchante, le film CLASSE A PART reste un essai narratif audacieux. Le handicap de Komani n’est finalement qu’un tremplin, où des personnages secondaires sont au cœur du récit afin de dévoiler la vraie histoire du film. Laquelle !? je vous laisse aller regarder le film.
Dans ce Novelas (télé romance) tropicalisé, comme avait mentionné un camarade pour le film SCARS de Carlos Takam, les rebondissements fréquents et les personnages marquants mis en place pour captiver l’émotion chez le public, finissent par donner une sherlockisme scénaristique (deviner une fin du mystère avant que le mystère ne soit résolu). En outre, il faudrait peut-être que cette œuvre filmique soit interdite en salle au -12 ans par rapport à certains codes présents tout au long du récit.