L’histoire du costume depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, s’intéresse à l’évolution du costume. S’intéresser au costume traditionnel Sawa, c’est considérer son évolution au fil du temps, c’est aussi découvrir les différents modèles, styles du Sanja des temps anciens et contemporains. Nous dénombrons généralement 8 types de Sanja.
1. Sanj’Ebolo
C’est le pagne de travail (pêche, agriculture, fabrication de pirogue…). Toujours attaché autour des reins, sa longueur peut se limiter soit au niveau des genoux, soit les dépasser légèrement pour permettre la mouvance des membres inférieurs.
2. Kampi ou le Sanja Bwemba
Il y a celui de la lutte traditionnelle appelé Kanda en langue Bassa’a, et Ekoube en langue Duala. Il est similaire à celui des lutteurs Sénégalais, il passe entre les entrejambes. C’est un caleçon gros et ample, permettant la mouvance des lutteurs. Il tire son nom du vocabulaire Allemand « Kampf » qui signifie « combat ». C’est le pagne le plus court ; il peut aussi être un pagne culotte. Il était porté par les lutteurs et autres combattants (militaires). Il s’attachait autour des reins ou passé sous les jambes. C’est également le type de pagne utilisé par la main d’œuvre servile pendant l’esclavage. On l’appelait aussi « Mfolobondo » (pagne de main d’œuvre servile).
3. Sanja Bwanga ou Pagne médicale
On l’appelle aussi « Sanja Bwendi » c’est-à-dire le pagne de circoncision. Il était porté par les jeunes garçons circoncis de frais et en attente de guérison. Généralement de taille réduite, il s’attachait derrière la nuque. On ne le porte qu’une fois dans sa vie ; après l’acte médicale et jusqu’à la fin de la quarantaine (Dibua). Le temps pour la blessure de se cicatriser.
4. Sanja Batétè ou pagne des parents
Après ces différentes tenues, arrivèrent ensuite le pagne de rangs sociaux ; noué autour de la taille et constitué d’un bourrelet. Le bourrelet ventral était plus accentué parce qu’il y’avait du pagne à rouler. Ce style de pagne était réservé aux chefs de famille. Les jeunes et le chef étaient généralement torse nu. Le torse nu pour les jeunes évoquait leur force de combattant (militaire). Le chef par contre aimait plutôt exhiber son torse. On l’appelait « muanedi », c’est-à-dire celui qui menait le combat de son peuple.
5. Kanjo ou Sanja Kumassi
Le « Kanjo » ou « sanja Kumassi » est un pagne royal. Il est vaste et somptueux. On l’appelle aussi « Sanja Dikata ». Il est « Dikata » parce qu’il a un pan sur le bras et l’autre jeté par-dessus l’épaule.
6. Mawo’o ma Sanja
Les Sawa ont un Sanja authentique se démarquant lors d’une cérémonie solennelle, et ainsi, on parlera de costume d’apparat. Cette authenticité dépend de la façon de nouer le Sanja. On laisse tomber les deux pans du Sanja qui trainent jusqu’à un certain niveau des genoux ou en dessous des genoux, résultat, une certaine élégance lorsqu’on n’avait pas besoin d’attacher un foulard au-dessus des reins.
On l’appelle « Mawo’o ma Sanja » en langue Bassa’a ou « Bessambo ba’Sanja » en langue Duala.
Il fallait que le boubou ou la chemise soit un peu longue. Cependant, on a vu certains chefs s’habiller autrement à l’instar du Prince René Bell, qui enfilait la chemise dans le Sanja. C’était une distinction d’avec ses pairs qui s’habillaient autrement. Il s’habillait dans le style précolonial ou du temps colonial, bref c’était aussi une originalité du port du Sanja.
7. Sanja Bessambu ou Sanja Béyum
C’est un pagne patriarcal et solennel. Il met en évidence deux pans latéraux. Un qui tombe à gauche et l’autre à droite. D’après S. M. Gamaliel Ebongue de ces deux pans, l’un servait de porte-monnaie pour aller à la fête. Les fêtes en Afrique sont de longue durée, alors il faut prévenir. L’autre pan servait de garde-manger. On pouvait y conserver des arachides, et du tapioca.
8.Sanja Dibo ou pagne de bain
Il se jetait autour des épaules, où il pouvait aussi être noué légèrement à l’épaule.
A l’époque, au début des indépendances, les Sawa d’expression anglophone, mettaient beaucoup plus ce qu’on appelait le « Bouba » que les gens de l’Afrique de l’Ouest appellent le « Boubou », dont un habit sans col, ou selon la société dont on appartient, un haut un peu long, avec les fentes et les poches appliquées.
Il y a eu une influence des temps moderne. Car si l’on observe les Sawa d’expression anglophone, un peu plus rapproché aux zones Yorouba par lesquels le commerce était établi, le Ghana, le Togo anglophone à l’époque, parce que le Togo et le Cameroun étaient des pays d’expression Allemande. Lorsque les occidentaux se sont repartis l’Afrique, il y a eu une partie qui devait se rattacher par exemple du Togo au Ghana, et une partie francophone qui devait rester dans le continent vaste africaine. Donc, les habitudes des accoutrements de ces Sawa sont venus delà, car les sawa du Sud-Ouest, mettent des boubous plus longs.
Les vêtements traditionnels Sawa, le « Sanja » en particulier, se développaient constamment et progressivement en gardant d’anciennes traditions. Par exemple, les différents « Sanja » de la fin du XIXème siècle conservaient certaines valeurs traditionnelles. Tandis que ceux des débuts du XXème inséraient les valeurs culturelles des différentes époques. Certains éléments des vêtements traditionnels notamment ; la couleur, l’ornement, les accessoires séparés proviennent de nouvelles civilisations. Il y a en même temps des composants, qui sont liés aux différentes phases évolutives. Nous en parlerons dans le dans le prochain article.