Parures masculines et féminines chez les Sawa

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Les Sawa n’avaient pas une civilisation de métallurgie. Les instruments métallurgiques sont arrivés avec un certain retard. Jusqu’à l’introduction des ciseaux, rasoirs, et couteaux , les Sawa laissaient pousser leur cheveux naturellement, n’avaient pour seuls instruments de coiffure que les épines de porc-épic pour tracer les raies et les grands peignes de bois avec lesquels on se coiffait soit pour créer une touffe « mwanbinda » ou le mwenda « la raie ». La raie pouvait être une raie médiane ou une raie latérale comme chez les ghanéens.

À l’arrivée des instruments métalliques, ils commencèrent à utiliser les ciseaux, les couteaux et les rasoirs pour se couper les cheveux oubliant que samedi, le jour de « L’éssa idiba », c’est-à-dire « l’éssaba ».

« L’éssaba » c’est « Samedi ». Le mot vient de  « Essa idiba » qui veut dire la grande messe du matin.

Et pour aller à cette messe adorer « Nyambe » Dieu langue Douala. Il était de coutume, de planter dans ses cheveux près du trait  avec une plume rouge de perroquet. Ayant rasé les cheveux et n’ayant plus ou planter la plume rouge de perroquet, les Sawa avec leur génie créateur ont tissé la toque qui servait à accueillir la plume rouge de perroquet à la place des cheveux.

les parures quant à elles sont de plusieurs matériaux : les plumes de perroquet, les épines de porc-épic, les cauris, les poils d’éléphants, mais chaque attribut à un symbole et qu’on ne saurait porté n’importe comment.

Il y a trois types de chapeaux et tous à la base sont des raphias, mais avec deux teintes différentes.

  • La teinte rougeâtre qu’on utilise pour des initiés, qu’on utilise avec la sève du palétuvier.
  • Chapeau avec teinte noire ou sans teinte .
  • Chapeau à perles ; les attributs bêtes féroces  qui sont des symboles, comme des dents d’hippopotame ; les os de certaines bêtes telles que le gorille ; aussi on trouve des moustaches de certaines félins.

Tous ces attributs portent des significations.

I. Les parures Masculines

Le vêtement masculin n’est pas très varié au niveau des ornements. Seule la qualité des tissus permet de distinguer les plus riches des hommes des foyers modestes. Les coiffes masculines se résument souvent en plusieurs types de chapeaux fabriqués par des artisans locaux. De forme simple, ces chapeaux sont dépourvus de toute parure. Les plus importants types de ces coiffes d’homme sont :

1. La Toque : symbole, de maturité et de sagesse.

C’est un chapeau en remplacement de la perruque.. Elle est tissée soit avec des fibres de raphia, soit par des fils synthétiques. L’important  n’est pas la toque elle-même lorsqu’elle est portée par les hommes, mais ses attributs. La toque est également décorée de cauris encore appelé coquillages de venus. Ses deux teintes marquent la chevelure du noir. Quand il est encore jeune, sa chevelure est noire, quand il vieillit, sa chevelure blanchit.

La toque blanche est un symbole de sagesse, ce sont les sages que l’on coiffe de blanc. Lorsqu’on est un débutant, on n’en porte pas. Lorsque que vous commencez à l’arborer, le nombre de cauris dévoilera votre rang initiatique.

Dans une Afrique acculturée, l’africain sait que la toque est un atout de son vêtement.

Toque noir ornée plumes de perroquet  :   La couleur noir de la toque évoque la tristesse, la douleur, la souffrance, la mort
La Toque de couleur ocre jaune tissée en fibres de raphia.

2. Le chapeau : symbole de prestige, de séduction, et d’esthétique.

Outre la découverte de l’étoffe à travers la colonisation, les chapeaux interviennent également dans le costume traditionnel Sawa. Il reflète la mode anglaise de cette époque a été adopté par le peuple Sawa.

Sources: https://www.google.com.costume traditionnel Sawa. Avril 2019
Jeune homme Sawa des temps contemporains coiffé d’un chapeau

3. Le foulard 

noué au tour du cou, il fait référence au collier du pharaon. Aux reins il symbolise l’esthétique et le support.

Les Sawa comme les anciens négro-africains sont des anciens Egyptiens. Le foulard qu’on attachait autour du cou, avait pour objet de maintenir le souvenir vivace du collier circulaire autour du cou du pharaon. Quant au foulard dont on se saignait les reins, servait de ceinture. Ça peut signifier une bataille, une séduction ou un  soutient du pagne. Aujourd’hui, c’est devenu une parure. 

Et autour des reins, chez les femmes, il signifiait une bataille ou un travail énorme.

S.M. Gaston MBODI EPEE, Chef Supérieur du Canton Bassa Bassa du Wouri.
Ngondo Magazine 2016.

3. Les colliers : symbole de pouvoir et d’esthétique.

Ils sont fabriqués de plusieurs matières, animales, plastique. Et de plusieurs essences de bois .Les colliers de prédilection sont en bois sacré Le bois d’Ebène, le Bubinga.

Les colliers, symbole de pouvoir et d’esthétique. De gauche à droite : collier en matière animale, collier de matière végétale, collier en matière aquatique.

4. La chaussure : symbole de prestige, de sécurité et d’esthétique.

Jadis, les costumes traditionnels Sawa se portaient pieds nus. Peu de temps après, On a voulu protéger les pieds, puis le port des babouches, des chaussures ouvertes et par la suite fermée selon la convenance. La chaussure pleine est devenue l’exception et la babouche étant la règle, le pied nu une option alors que au départ, il était la règle, la babouche une option et les chaussures l’exception.

Hommes  Sawa en costume traditionnel. Pieds nus.
De gauche à droite, des chaussures ouvertes encore appelées « Matanga ma Yesus », (les plantes de Jésus) et chaussures pleines.

II. Les parures féminines

Les vêtements de femmes sont de loin beaucoup plus variés et ornés que celui des hommes. L’âge et l’appartenance sociale déterminent aussi l’usage de certains vêtements par les femmes. Le vêtement traditionnel Africain, féminin ou masculin, est généralement constitué de trois pièces. La coiffure est l’une d’entre elles. Chez la femme c’est l’élément central, une véritable parure au même titre qu’un bijou. Les accessoires trouveront également leur place : coiffure, chapeaux, écharpe, chaussures, sacs à mains, bijoux. 

A partir des années 1850, la chevelure est cachée et couverte par un voile. L’ensemble complet a emprunté des accessoires à d’autres cultures: l’ébasi européen, le jupon Togolais et l’écharpe Igbo, jetée avec élégance sur l’épaule gauche. Dans presque toutes les différentes parties de la région, les femmes se servent du même type de coiffe, étant donné la cohésion ethnique importante qui caractérise la région du Littoral. Coiffure élégante, couvre-chefs, et des cosmétiques appropriés souvent ensemble.

1. Le Foulard ou l’Ebasi : symbole de dignité, de soumission.

Beaucoup de valeurs africaines reposent sur l’habillement, le style adopté et surtout les accessoires ajoutés pour incarner la personnalité que l’on désire. Le foulard apparait donc comme un accessoire vestimentaire que l’on retrouve dans différentes cultures africaines. Selon le type de tissu, les motifs, la couleur et le style de l’attaché, il est utilisé aux quatre coins du monde symboliquement pour représenter des religions et des cultures, et aussi, pour prouver une identité, voire une origine.

Le foulard est un morceau de tissu enroulé autour de la tête, recouvrant généralement et complètement les cheveux. Il se place soit en repliant les extrémités du tissu ou en attachant les extrémités dans un nœud près du crâne. Le port du foulard chez les femmes Sawa date de l’ère coloniale. Il est arrivé au même moment que le Kaba. Il permettait d’éviter la séduction auprès des hommes. Il est généralement assorti aux couleurs du pagne du Kaba. Les femmes Sawa portent généralement un très grand-voile qui cache complètement la tête et les cheveux. Cette coiffure « Ebasi »[1] a été imposée par Helen Saker aux femmes Sawa.

L’usage de cette coiffe est certes obligatoire pour des raisons religieuses, mais elle constitue également un facteur de distinction socioéconomique et un élément esthétique. Le port du foulard avec le Kaba est pour les femmes Sawa symbole de vertu et d’esthétique. Dans de multiples traditions autour du continent africain, le foulard est l’accessoire sans lequel la tenue est incomplète. Il est pour la femme qui le porte « la couronne de gloire » qui sublime son accoutrement.

Femmes Sawa coiffée d’un foulard. Symbole de vertu et de piété.

2. Le Chapeau ou Couvre-chefs

Il joue le même rôle que le foulard dans le costume féminin ; c’est-à-dire celui de couvrir les cheveux. Son port est plus récent que le foulard. Les femmes le porte parce qu’il nécessite moins d’effort dans son port que son prédécesseur disent-elles. Le chapeau peut être  fabriqué de plusieurs matériaux (tissu, fibres de raphia, fibres synthétiques…).

Jeune Dame Sawa portant un chapeau de fibres de raphia sur la tête.

3. l’Echarpe : symbole d’esthétique

Le port de l’écharpe sur le Kaba est une mode empruntée en Afrique de l’ouest ; Plus particulièrement chez les Igbo au Nigéria. L’écharpe peut être accompagnée d’un foulard ou d’un chapeau. Elle se pose généralement sur l’épaule gauche de la femme. Tout comme le foulard ou le chapeau, elle est assortie sur les tons du Kaba. L’écharpe assortie aux tons du Kaba, est à caractère esthétique, les femmes le  portent pour rehausser leurs tenues et surtout leur personnalité. L’écharpe  constitue parfois même l’objet le plus précieux ou l’accessoire  ayant plus de valeur que tout autre accessoire.

Femme Sawa habillée en Kaba ressorti d’une écharpe aux tons du tissu.

Les ornements n’ont pas seulement une fonction esthétique, ils indiquent aussi la situation socioéconomique des familles et des clans. Le costume traditionnel Sawa évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles. Orné, il devient parure. La beauté est une chose vivante dont la source reste cachée au plus profond de l’être, mais qui jaillit et se déverse jusqu’à la surface du corps, inondant le vêtement, la parure, le sourire et même la voix. Mais seules les pensées lumineuses et les sentiments d’amour désintéressé peuvent créer la beauté.


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