Les arts plastiques se sont orientés vers le modernisme aussi bien dans les techniques que dans les goûts. Les peintres camerounais se réclament de toutes les écoles occidentales. Si l’art plastique au Cameroun est surtout pratiqué par les autodidactes, nous devons néanmoins noter que la plupart des artistes plasticiens ont reçu leur formation dans les grandes écoles européennes et américaines auprès des maitres plasticiens de notre époque.
Quelques noms émergent de la mêlée :
Rigobert Aimé Ndjeng 1927
Rigobert Aimé Ndjeng, né en 1927 et disparu en 2011, est un précurseur de l’art pictural du Cameroun. Dès les années 40, comme beaucoup de ses pairs contemporains du continent, initiés, encouragés, révélés, ou remarqués par les blancs, missionnaires ou colons, il débute, en autodidacte, par des représentations religieuses et des portraits de chefs de la puissance coloniale. Puis, à l’aube des indépendances, il s‘affranchit de ces thèmes en s’intéressant à la réalité quotidienne de son environnement populaire et rural.
Gaspar Gomán 1928
“L’art pour l’art (…) n’a pas de signification dans une Afrique qui doit se resacraliser pour devenir elle-même”.
Gaspar Goman
Gaspar Gomán est l’un des premiers artistes camerounais à bénéficier d’une formation académique formelle à l’étranger. Né en 1928 dans la ville de Santa Isabel (aujourd’hui Malabo, Guinée équatoriale), Gomán était le fils d’un Camerounais, qui avait été forcé de travailler sur cette île par l’administration coloniale allemande. De 1954 à 1960, Gomán étudie l’art visuel à l’Escuela Superior de Bellas Artes de Barcelone avec une bourse de la province de Fernando Poo. De retour en Guinée équatoriale, il enseigna l’art et l’histoire de l’art, exposa ses œuvres et décora deux églises 139 jusqu’à ce que le privilège d’avoir étudié en Espagne le conduise en prison sous la dictature de Francisco Macías Nguema.
Gedeon Mpando 1932
Gédéon Mpando,Gédéon Mpando est né en 1932 à Yabassi dans le département du Nkam artiste sculpteur se révèle au grand public au début des années 70, même si encore tout petit il s’amusait déjà à observer des éléments de la nature puis à les reproduire sous forme de figurines. Sa carrière a connu un rebond après qu’il ait remporté le premier prix d’un concours qui consistait à représenter les populations camerounaises dans leur diversité, il a pu être admis a étudier à l’Ecole des Beau Arts de Paris. Une escale qui lui sera bénéfique et va amplifier sa passion pour la sculpture. De retour de France il va commencer à exercer principalement sur le bois d’ébène, la pierre taillable, le staff ou le marbre.
Martin Abossolo 1933
“J’ai compris–contrairement aux autres peintres–que dans la peinture ce n’est pas l’exactitude qui compte, mais il faut faire quelque chose d’exceptionelle”.
Martin Abossolo
Comme la plupart des peintres du Cameroun, Martin Abossolo n’était pas formé à la peinture, mais, comme c’était souvent le cas chez ses pairs, il n’est pas autodidacte. Selon ma source principale, le résumé d’une entrevue avec l’artiste par Afane Belinga, Martin Abossolo a commencé à envisager sa carrière artistique en 1945. À l’époque, Abossolo avait observé
Rigobert Aimé Ndjeng, un peu plus âgé, qui est maintenant considéré comme le premier peintre à l’huile dans l’histoire écrite et orale du Cameroun
vendant une peinture à un Américain dans sa ville natale d’Ebolowa. Peu importe la qualité de l’enseignement qu’il reçu, Martin Abossolo finit par rompre avec l’école A.B.C. parce qu’il voulait devenir peintre plutôt que dessinateur. Interviewé par Afane Belinga, Abossolo se souvient d’avoir copié des figures de son livre de lecture colonial dans l’école professionnelle que son père l’a forcé à fréquenter à partir de 1951.
Bon nombre d’œuvres d’Abossolo, en particulier trois peintures à l’huile des années 1960 qui sont conservées dans la collection de la North American Harmon Foundation. Initialement d’aide au développement en Afrique, cette organisation fut le point de référence des artistes africains en Amérique du Nord entre 1940 et 1967, année de sa dissolution.
Zogo Abraham Georges 1935
Sculpteur, peintre George Abraham Zogo, né à Sa’a au Cameroun en 1935, fait partie des artistes africains qui, après les indépendances post-coloniales, sont entrés en contact avec le milieu culturel européen. Dès le collège, il commence à dessiner pour d’autres élèves. Il entre à l’Académie des Beaux-Arts de Lyon en 1956 et obtient une bourse du gouvernement camerounais pour étudier en Italie. Après le lycée, il a l’opportunité d’étudier en France et obtient une bourse pour fréquenter la Belle AcadémieArts de Florence. Il est diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Florence en 1969. Ses peintures sur toile présentent une abstraction linéaire qui reprend et retravaille les motifs curvilignes de l’architecture traditionnelle de son pays d’origine. Aujourd’hui encore, on insiste sur la nature “interculturelle” de l’art, sur le fait qu’elle puisse constituer un instrument précieux pour élargir l’imaginaire des personnes, facilitant la rencontre avec l’altérité : la réflexion, donc, sur une contamination esthétique peut fournir certaines directions pour surmonter la dichotomie rigide entre “nous” et les “autres”, et rendre plus perméables les frontières entre les identités et les cultures.
Etaba Ottoa Didier 1937
Née en 1937, c’est un peintre d’une grande sensibilité et surtout un portraitiste dont les talents se sont révélés dès son jeune âge. Bien de ses œuvres sont exposées dans les musées et galeries d’Art de plusieurs pays européens et américains. Nous retiendrons de lui les réalisations suivantes :
- « Résurrection » (1961, Eglise de Tala à Monatélé)
- « Maternité » (1968, Musée d’art de Stockholm)
- « la danse » (1969, Londres)
- « Masques, Rêve et Occultisme » (1971, Musée d’art moderne de Paris)
Cet artiste est surtout connu pour les portraits géants du Président de la République, que son Excellence Ahmadou Ahidjio, qui furent exposés dans les maisons du Parti de l’Union Nationale Camerounaise de Douala, Bafoussam, Yaoundé, Douala.
Wèrè-Wèrè 1950
Wèrè-wèrè de son vrai nom Eddy Njock Nicole, Wèrèwèrè Liking, Ivoirienne d’origine camerounaise est née le 1er Mai 1950 à Bondé, au Cameroun. C’est un peintre d’un talent confirmé : elle pratique tantôt le réalisme, tantôt l’abstraction. Elle s’est imposée au Cameroun comme à l’étranger notamment par ses expositions parmi lesquelles nous citerons : « l’Apartheid et le Ghetto » et « voyage dans monde ».
De Nombreux autres artistes seraient nés autour de 1950 — à savoir Philipe Tchagang, Zara Mallon, Pascal Kenfack, Christopher Forgwe, Cécile Bindzi et Etienne Djiegong et auraient partagé une expérience similaire. A cette époque même, les cours d’art par correspondance de Paris étaient devenus la norme éducative pour les peintres au Cameroun.
À partir de 1976, le Cameroun a été témoin de l’émergence de groupes d’étudiants axés sur l’art, une tendance qui a eu une influence considérable sur le partage non formel des connaissances artistiques. Simultanément, une nouvelle génération d’artistes est apparue sur la scène :
Sources :
Encyclopédie du Cameroun Tome 4
Visuals in cameroon
Peintures et dessins de Rigobert Ndjeng
https://www.monayah.org/encyclopedie/theme/art-et-culture/a/gedeon-mpando