La réussite d’un échec ou le piège des pantoufles en ciment !

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Honey Yanibel Minaya Cruz

De longues études vous ont permis de décrocher un bon poste de cadre dans une multinationale dynamique, au prix d’un fort endettement pour régler les frais de votre école, votre logement, votre équipement informatique et les dépenses du quotidien durant cinq ans. Vos parents vous ont un peu aidé mais vous avez dû faire face à la majorité des dépenses seul, avec l’aide d’une petite bourse, d’un job d’été alimentaire, et d’un gros prêt à la banque.

Vous découvrez petit à petit les joies du travail dans un grand groupe : les rivalités internes, les tensions politiques, les effets de mode, un nouveau chef qui débarque de nulle part et qui vous mène la vie dure, la lente progression à travers les échelons de la hiérarchie, les rumeurs et les commérages, sans compter les mauvaises blagues à la machine à café.Votre salaire augmente lentement mais vous avez toujours l’impression de ne pas gagner assez, surtout depuis que vous vous êtes marié et que vous avez contracté cet emprunt pour acheter votre maison. Sans compter le fait que votre conjoint est peut-être plus dépensier que vous (et que vous l’êtes peut-être devenu vous-même), les enfants qui arrivent dans votre vie et occupent rapidement un budget à part entière, votre animal de compagnie, vos vacances bien méritées, les loisirs par-ci et par-là, etc.

Finalement, arrivé à la quarantaine, vous avez une bonne position dans l’entreprise avec un salaire raisonnable malgré des dépenses qui ont inexplicablement suivi de près toutes vos augmentations, vous souffrez d’un léger surpoids, de douleurs au dos et quelques rides commencent à marquer votre visage, ce qui est bien naturel après les différentes périodes de stress et de surmenage que vous avez dû affronter pour arriver là où vous en êtes.

Néanmoins, vous avez un peu l’impression de stagner depuis quelque temps, vos supérieurs semblent moins enthousiastes quand vous leur parlez d’évolution de carrière, et vous-même vous commencez parfois à rêver d’autre chose, peut-être un cadre de travail un peu moins formel dans lequel vous pourriez vous épanouir davantage et avoir une vie personnelle un peu plus équilibrée. Et comble du fantasme – peut-être sans chef pour vous dire sans arrêt quoi faire.

Les années passent, vous arrachez de haute lutte un poste plus important au prix d’un gros sacrifice – un déménagement dans une région que vous n’aimez pas, heureusement en partie payé par (l’entreprise), davantage d’heures de travail – et vous vous rendez compte que ce travail vous convient de moins en moins. Vous rêvez d’être moins stressé, plus libre et sans patron mais votre job est (plutôt bien payé), et vous avez à présent un train de vie qui rend difficile toute baisse de revenus, sans compter les études de vos enfants dont le coût est vraiment exorbitant. Et vous vous êtes battu pour obtenir ce poste. Vous n’allez quand même pas le lâcher comme ça alors que beaucoup rêvent d’avoir votre place – même si vraiment, vous n’aimez pas cette région. Et puis, vous êtes habitué à cette entreprise, à ces conflits politiques et ces petites querelles, et après tout vous aussi vous faites des blagues pas terribles à la machine à café, on ne peut pas dire, ça détend.


Vous mettez donc vos rêves de côté et vous supportez bon an mal an le stress, les tensions et les mauvais côtés de votre job. Au bout de quelques années, vous essayez d’évoluer vers un autre poste, mais vos supérieurs se montrent vraiment peu enthousiastes – vous finissez par comprendre que vous n’irez pas plus haut dans la hiérarchie. Peut-être qu’enfin, après des décennies passées à travailler pour quelqu’un d’autre, vous pourrez commencer à réaliser vos rêves et profiter vraiment de la vie.Voici un beau scénario positif n’est-ce pas ? Certes, ce n’est pas exactement ce à quoi vous vous attendiez au moment d’obtenir votre diplôme mais cela ressemble sans doute à la vie de quelqu’un que vous connaissez, non ?

Si vous êtes déjà employé depuis quelque temps, peut-être êtes-vous déjà prisonnier de
ces pantoufles en ciment. Peut-être êtes-vous ancré dans des habitudes confortables,
mais qu’à la lecture de ces lignes une petite voix a crié au fond de vous que quelque chose
n’allait pas, que toute cette vie confortable n’est pas ce à quoi vous rêviez vraiment.

Source : Olivier Rolland (tout_le_monde_na_pas_eu_la_chance_de_rater_ses_études)

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