Les grandes tendances de la musique africaine contemporaine

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Les grandes tendaces de la musique contemporaine africaine

Voici, sans prétention d’exhaustivité, l’abécédaire des genres établis ou des simples modes passagères de la musique africaine moderne : afrobeat, afropop, ancestral soul, coupé-décalé, didadi, high life, hip-hop, kuduro, kwassa-kwassa, makossa, marabbi, mbalax, morna, n’dombolo, rap, reggae, rumba congolaise, séga, soukous, wassoulou, world music, zouglou.

C’est un moyen de classement pour initiés. Un autre passerait par les vedettes les plus connues. Mais leur énumération risque de pécher encore davantage par omission et de se lire comme un bottin. Néanmoins, pour le lecteur désireux de faire un rapide tour musical du continent sur YouTube, voici quelques incontournables : Tony Allen (Nigeria, afrobeat), Olamide Adedeji (Nigeria, rap), Didier Awadi (Sénégal, hip-hop), Francis Bebey (Cameroun, chanson), Alpha Blondy (Côte d’Ivoire, reggae), Burna Boy (Nigeria, afropop/afrofusion/rap), Johnny Clegg (Afrique du Sud,mbaqanga/pop), Manu Dibango (Cameroun,makossa/soukous), Cesária Évora (Cap-Vert, morna), Fela Kuti, Femi Kuti et Seun Kuti (Nigeria, afrobeat), Angélique Kidjo (Bénin, afropop/fusion), Ismaël Lô (Sénégal, afropop/mbalax), Magic System (Côte d’Ivoire, zouglou/coupé-décalé), Miriam Makeba (Afrique du Sud, marabbi, world music), Youssou N’Dour (Sénégal, mbalax/world music), Koffi Olomidé (RDC, tchatcho/soukous love), Mory Kanté (Guinée, world music), Salif Keïta (Mali, afropop/world music), Touré Kunda (Sénégal, afropop), Rokia Traoré (Mali, griotte/world music), Nahawa Doumbia (Mali, griotte/didadi), Papa Wemba (RDC, rumba), Wizkid (Nigeria, rap), Petit Yodé (Côte d’Ivoire, zouglou/coupé-décalé).

Aussi, la tendance commune des musiques d’Afrique étant depuis le milieu du XXe siècle leur ouverture sur l’extérieur – d’abord à l’échelle régionale, puis à celle du continent et, enfin, à l’échelle mondiale –, le meilleur repérage consiste-t-il à retracer les étapes de ce voyage vers de nouveaux publics en y associant les noms d’artistes pionniers.

Le point de départ est souvent une tradition musicale forte, par exemple celle des griots – les mémorialistes louangeurs – dans le Sahel, ou une invention originale, comme la rumba à Kinshasa ou l’afrobeat qui naît à Lagos au début des années 1970 quand Fela Kuti et son groupe Africa 70 en font la somme de leurs intentions non seulement artistiques mais aussi politiques, au sens large. Puis, il y a souvent des passeurs ou des facilitateurs, qui peuvent être africains ou étrangers. Par exemple, successivement directeur du Centre culturel français à Saint-Louis, Kinshasa, Lubumbashi, Dakar et Maputo, entre 1978 et 2009, François Belorgey a joué ce rôle d’abord pour le rayonnement du kwassa-kwassa et de ses stars, Papa Wemba, Pepe Kalle ou Zaïko Langa Langa, puis, au début des années 1990, pour l’éclosion du rap en Afrique de l’Ouest, notamment en produisant le premier titre des Positive Black Soul (PBS), le groupe de Didier Awadi. De son côté, arrivé en France à 16 ans avec trois kilos de café 10 en guise de pécule, Manu Dibango a fait son chemin en éclaireur, tout en ouvrant la voie à d’autres, dans son sillage. En 1973, avec Soul Makossa, le chanteur et saxophoniste camerounais signe le premier tube mondial d’un Africain dépassant, avec 2 millions de disques vendus, le succès de la Sud-Africaine Miriam Makeba qui, en 1967 avec Pata Pata (« touche touche », en xhosa), s’était hissée au douzième rang du hit-parade américain.

Fela Kuti – Shakara

L’exploit est d’autant plus remarquable que la situation n’est alors pas la même dans les pays francophones et les pays anglophones. D’abord, ces derniers sont souvent plus peuplés, à commencer par le Nigeria, et donc propices à des économies d’échelle liées à la taille du marché. Ensuite, l’anglais facilite la circulation de leurs musiques dans le monde alors que, pour les artistes francophones, l’accès au marché mondial passe par la France et sa coopération culturelle.

Pour beaucoup d’artistes africains, l’étape inaugurale d’un succès international est Paris sur scène.

Par exemple, le groupe sénégalais Touré Kunda fait un tabac en France en 1983, avec Emma.

Toure Kunda – Emma (1985)

C’est aussi le cas de la Cap-Verdienne Cesária Évora, dont le premier album – La Diva aux
pieds nus – sort en France en 1988, quatre ans avant sa percée mondiale avec Miss Perfumado, qui inclut son tube « Sodade ».

Le Sénégalais, Youssou N’Dour, qui sort le premier du tête-à-tête franco-africain, en 1994, avec 7 Seconds 12. Chanté en wolof, anglais et français, son duo avec Neneh Cherry marque avec éclat l’avènement de la world music en Afrique francophone. Il marque aussi le début d’une mauvaise querelle : celle de savoir ce qui serait, ou ne serait pas, « vraiment africain ».

Les chanteurs et musiciens africains mondialement connus, d’Alpha Blondy à Angélique Kidjo en passant par Salif Keïta, n’en ont cure, de même que la génération qui a assuré leur relève pour rythmer les boîtes de nuit africaines, tels Franko, Sidiki Diabaté et Olamide Adedeji. Sans parler des rappeurs et autres adeptes du hip-hop sur le continent, en phase avec l’Amérique noire et le « rap d’origine africaine » en France (MHD, Maître Gims, Niska). Si, à leur sujet, il peut arriver que l’on se demande où règne le simple mimétisme et où commence la création, la querelle sur l’authenticité n’a pas lieu d’être. Du moins si le compositeur européen qui a commencé à démolir l’univers tonal occidental, Gustav Mahler, avait quelque raison de penser que « la tradition, c’est nourrir les flammes, pas vénérer les cendres ».

C’est le cas du Rap Game Français devenu Rap bussines.

Comment le Congo a transformé le rap français – #RapBusiness, S.2 – Ep. 3

src :

L’Afrique 2 milliards de voisins en 2050, by S.Smith & J. de la Guérivière

Comment le Congo a transformé le rap français – S.2 – Ep. 3

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