L’Esthétique du Désastre dans le film Agents un peu Trop Secrets (Deuxième partie)

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L’Esthétique du Désastre dans le film Agents un peu Trop Secrets (Deuxième partie)

Nous entamons la deuxième partie de l’article avec le terme “mauvaise étoile” de J. Essola. Cette mauvaise étoile conduira à une esthétique du désastre.

l’esthétique du désastre en création cinématographique est une approche artistique qui transforme le chaos, la destruction et la catastrophe en une expérience visuelle et émotionnelle. Ce désastre n’est pas total: Il ne détruit pas l’absolu, mais le désoriente. Il est souvent masqué par des discours enjôleurs vantant, par exemple, « un directeur jeune qui apportera une dynamique nouvelle, un regard neuf » – autant de formules qui camouflent un fonctionnement fondé davantage sur le népotisme que sur la méritocratie. Ici, l’absolu est compris comme l’idéal du mérite : donner à chacun ce qui lui revient légitimement.

L’esthétique du désastre comme principe philosophique

Sous l’impulsion de J Essola, cette déviation a conduit à un fiasco majeur : la perte du titre foncier du pays par le bureau du patrimoine. A ce premier désastre s’ajoute une erreur supplémentaire : la sélection d’agents d’enquête, qualifiés ironiquement de « Prix Nobel de la bêtise » par Maria, pour retrouver le titre disparu.

A travers une succession d’évènements de plus en plus catastrophiques, le récit expose une volonté paradoxale de « faire pire » que les erreurs précédentes. Si les services de renseignement officiels (Police, Gendarmerie) ne sont pas mis en exergue, les services officieux; les tayameurs (voyous) de Nkol-Ndongo, semblent assurer le service de géolocalisation pour retrouver le précieux document. Le film tourne alors le désastre en une véritable expérience singulière.

Le détournement artistique comme esthétique du désastre

Nul besoin de technologies futuristes façon Marvel, DC ou James Bond: les moyens sont de fortunes, domestiques ou improvisés – glissades burlesques, crises de diarrhée aiguës, et véhicules de transport très populaires au pays ( Cameroun)-deviennent les véritables outils d’action. Même les arts martiaux sexistes se manifestent. Le désastre devient un terrain d’expression d’une ingéniosité sauvage, où l’on se bat pour survivre et, à terme, pour sauver l’agence menacée de fermeture.

Le film réussit à styliser magnifiquement ce contraste entre désastre et dépression vécue par J. Essola. Pourtant, de cette négativité naît un nouvel élan de consolidation et solidarité entre agents : celle d’un rassemblement des différentes aires culturelles, transcendant les normes (utilisation d’une métaphore visuelle du saveur blanc) pour sauver une institution en péril.

Reste cependant une interrogation : le média employé pour se faire entendre est-il réellement légitime? Dans ce culte du pseudo-désespoir, toute figure vêtue de blanc ou de noir semble pouvoir incarner un ange, signe d’une ambiguïté morale omniprésente.

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