La stylisation graphique est communément connue au Cameroun, sous le nom de dessin de presse, de dessin humoristique, ou encore de caricature. Un langage déjà présent dans les tabloïdes de l’information (le messager, les premières éditions de Cameroun tribune…), les magasines (fou-rire magazine, 100% jeune, fluides thermal, Almo actu…) les bandes dessinées (s’am monfong, les bandes dessinées de la collection Almoproductions…)
En 1792, Boyerdenines, éditeur royaliste, affirme dans l’histoire de la caricature et de la révolte
« les caricatures ont été dans tous les temps ce qu’on a mis en usage pour faire entendre au peuple, les choix qui ne l’aurait pas frappé si elles eussent été simplement écrite »
Emergence du dessin de presse
L’essentiel de la production BD se passe dans les journaux. En effet, au tout début des années 90, le Cameroun connaît une libéralisation de la presse, à défaut d’une alternance politique. Le contexte politique de l’époque est marqué par une relative décompression du régime en place, suite à un mouvement de protestation sociale Cette même année, Le Messager accueille dans ses pages les caricatures et planches de Popoli (Paul- Louis Nyemb – né en 1968), premier caricaturiste camerounais à mettre en image le président Paul Biya (après que celle dessinée par Thomas Durand Kiti ait été sanctionnée), qui avait démarré sa carrière dans le journal Le Combattant. Peu à peu, la demi-page de BD qu’il anime, Cinéma Popoli, acquiert une grande renommée dans la population. Malgré deux échecs précédents avec la création du Moustique déchaîné et de La Chauve-Souris, Alain Christian Eyoum Ngangué (rédacteur en chef actuel de Planète jeunes (6) – né en 1967) et Popoli décident de lancer en 1993 un journal satirique, Le Messager Popoli, avec le soutien du Messager.
Démarche de la stylisation graphique
Le Cameroun en matière de dessin de presse, doit en grande partie, ses publications et ses ventes à la presse écrite. Car, c’est à travers elle que ce langage est devenu ce qu’il est. La plus grande quantité des publications du dessin de presse date des années 90, date de création de l’ONG Irondel, ensuite par les publications du groupe « messager popoli ». Estimé à une centaine de mille d’exemplaires, le Centre Culturel Français a su faire la promotion de ce langage durant cette période, jusqu’à qu’à ce que se sépare ce groupe (le messager devient un journal à part entière et Popoli, un magasine populaire en quête de nouveaux talents). On peut donc attribuer la première véritable vague, de vente du dessin de presse au Cameroun, à la deuxième génération (Retin, Bibi et Popoli Nyemb) .
La nouvelle génération est arrivée avec un style assez particulier, et les publications s’intéressent à tous les domaines de la société. Les Artistes produisent des Bandes Dessinées liées à la jeunesse et ses préoccupations (les publications 100% jeunes abondent avec les talents tels que Bibi, Wenstotem et Almo the best). Après la première édition du FESCARHY en 1999, le Cameroun connait les éloges de l’Artiste Almo et toutes ses publications inspirées d’un style Franco-belges fulgurants. Il publie massivement ses œuvres et les vend jusqu’en Europe (Zam zam les tiers mondistes en plusieurs tomes, les fou du crayon, fluide thermale…)
Dessin technique normalisé
Le genre humain non seulement par sa complexité, mais aussi par la diversité de ses formes : on distingue les morphologies en X, les morphologies en A, et les morphologies en V.
il y a aussi les morphologies en O ou en 8. Comment peut -on avoir un prototype de figure humaine qui pourra servir d ’outil de travail pour les artistes ? C’est donc pour cette raison que les artistes plasticiens ont cherché à établir une règle ou canon de proportion du corps humain.
- Il faut entendre par proportion, les rapports qui existent entre l’ensemble du corps et les diverses parties qui le composent.
- On peut déterminer une règle en se servant d’une moyenne établit à l’aide des mesures prises sur un grand nombre d’individus
- Quand cette règle part d’un robot, on parle de dessin technique normalisé. Il suffit des lors de le galber pour obtenir le dessin réel.
Canon de la renaissance
D’après le canon de la renaissance, on doit prendre comme base de mesure la hauteur de la tête. Celle-ci sera contenu sept fois et demi dans la hauteur du corps d’un adulte de grande taille, sept fois chez l’adolescent et moins chez un enfant. Huit têtes et demie à une figure humaine de mode par souci d’élégance. C’est donc dire que pour que le corps humain soit normalisé, il doit avoir pour hauteur environs sept têtes et demie.
Mais qu’en est Ŕil des dimensions ou de l’épaisseur de certains éléments de la tête ? Qu’en est Ŕil de la largeur des reins des épaules, du bassin, de la hauteur entre les épaules et les reins, entre les reins et le bassin ? Le canon de la renaissance est resté muet à ce sujet, les artistes se débrouillent. Dimension de divers éléments de la tête et du corps, centre des préoccupations de CABDA (centre africain pour les recherches sur la bande dessinée et du dessin animé).
Il aura fallu à Kiti artiste plasticien et caricaturiste, plusieurs années de recherches pour trouver que l’on peut utiliser le segment de l’œil pris dans le sens horizontal pour mesurer les différents éléments de la tête. Kiti a aussi découvert que la hauteur de la tête pouvait servir d’instrument de mesure de toutes les autres parties du corps humain. Le segment de l’œil est la base de la mesure de tous les éléments de la tête, et la hauteur de la tête, celui de toutes les parties du corps. Deux éléments qui nous permettent d’avoir un robot normalisé.
Source : Anyangma H. Xavier