La notion du beau vu par l’africain francophone

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Loin des prétentions d’être un érudit, le constat en Afrique centrale, voir en Afrique francophone est clair. La notion du beau en création visuelle et ce quelque soit le corps de métier en graphisme (arts visuels, arts appliqués), se distingue généralement par trois (3) perceptions chez l’africain.

1. Le visuo-sellam

Ce néologisme tire ses origines du terme Bayam – Sellam (acheteur – revendeur) au Cameroun. Ce secteur a une approche méthodique de choix le Ctrl + C, Crtl + V.

Le copier-coller (Crtl + C, Ctrl V) : C’est le fait d’observer son voisin (son activité) et se dire si on fait comme lui ça marchera forcément . Alors, on copie le concept ou l’idée de l’autre et quelquefois dans les moindres détails et le plus moins cher possible pour la réalisation. Seulement, on a tendance à oublier que l’être humain ne possède pas tous les mêmes aptitudes qu’autrui, vu que le design euh pardon l’art! non (l’artisanat) y règne en grand maître. Et on oublie vite les termes design de management, stratégie, branding, etc. C’est pas important dans ce pula pula ( mélange tout genre).

Bref, C’est le si mon voisin fait un wé qui me wanda, m..f je m’enfous je triches. comme l’a dit un célèbre artiste Kmer.

Copier coller

2. Le Boss visual design

Le boss design c’est le fait de designer sur la seule perception esthétique des choix plus ou moins rationnels du Directeur Général ou du Directeur Marketing et Comm. Dans ce mouvement , l’approche méthodique de choix c’est le copier-déposer .

Le copier-déposer : c’est une tendance esthétique qu’on retrouve chez les PME ( Petites et moyennes entreprises). Le principe général c’est obéir à la première intuition qui nous vient à l’esprit lorsqu’on voudrait créer un logo ou un support de communication.

Exemple : Si ma valeur de marque c’est refléter le luxe; la première intuition c’est l’or et le noir. Dans cette lancée, il se souvient même que tel salon de coiffure, ou tel hôtel ou son concurrent ont les mêmes couleurs. Et comme le graphiste euh pardon l’infographiste ne pourrait pas forcément contre-dire le boss, de peur de voir son gombo (argent) faire bip bip. On ne le contredit pas. On exécute. L’essentiel c’est qu’il paie. On n’essaie pas de lui dire les risques qu’il coure d’avoir un logo dégradé sans déclinaisons. D’ailleurs est ce que l’infographiste en face le sait? question pour un champion. Ce type de pratique prendrait ses sources chez la personnalité la plus haute d’un pays. Car il faudrait affirmer sa présence sur plusieurs visuels ( site web, affiche 4X3 m). Il doit souvent être le plus chaud ou le plus beau, celui qui a les plus belles femmes, le plus riche et avoir le plus grand espace.

copier -deposer

Résultat, la création visuelle fait du déjà-vu et pourrait peut-être présenter la même architecture de composition. Les visuels de cinéma, de restaurant, les Plazza, les Lounge, et évènement politico-économique en font souvent les frais.

Bref, c’est se dire, je prends un concept ou une idée ailleurs, je copie et je l’implémente chez moi sans toutefois le contextualiser. Dans cette esthétique les notions d’éthique ( discours de marque, Branding, Brand marketing) pour le collectif ne seraient pas assez importantes, ni le résultat attendu tant que le boss est… on avance.

3. All in one visuo

Le All in one c’est une esthétique du tout en un (1), il a une politique visuelle qu’on retrouve chez plusieurs clients, que certains appellent généralement le plus parlant.

Le plus parlant : c’est le fait de vouloir tout exprimer sur une création. Plus l’espace est grand, plus les infos s’entremêlent. Sa principale caractéristique est le brutalisme. On retrouve dans ces visuels une architecture complexe et un manque de cadence. Les supports les plus touchés par ce courant sont les affiches A3, A4, flyer (A5, A6), les banderoles.

Toutefois, il se pourrait qu’une de ces esthétiques fonctionne pour votre bizness sur le court terme, mais sur le long terme pour de véritables passionnés (DG), les améliorations suivent quelquefois. Ou encore il se pourrait qu’une de ces esthétiques vous crée des problèmes de droit d’auteurs. Comment en est-on arrivé là ? une des réponses réside dans le fait du profil du designer.

Bien qu’il existe ces perceptions du beau en Afrique Francophone, il existe aussi pour autant une notion esthétique africaine du beau tout de même.

Car pour un grand designer

« Anticiper est un devoir pour tout le monde. Qui n’anticipe pas est incapable de contrôler son présent. Évidemment, pour des gens comme moi qui interviennent sur la production, avec des délais, voire des mises en œuvre étendues sur plusieurs années, l’anticipation est une obligation. C’est même maladif chez moi, mon problème principal étant de ne vivre jamais l’instant présent et d’être en permanence projeté dans un autre espace-temps. »

Philippe Starck

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